La volonté d’imaginer les mondes de l’après-modernité, dans le contexte actuel de désastre écologique, n’est pas nouvelle. Cet ouvrage y contribue en interrogeant l’aspiration la plus fondamentale, peut-être aussi la plus précieuse du projet moderne : le rêve d’émancipation porté par son humanité. Pour ce faire, on s’intéresse à des relations hétéronomes. Dans son étymologie, cet adjectif décrit une action dont le principe est situé au-dehors du sujet qui l’exécute, en partie au-delà de son contrôle. Il est d’autant plus intéressant qu’il a souvent servi de repoussoir aux tenants du progrès, soucieux de penser un sujet libéré de ses dépendances, guidé par des impératifs catégoriques. L’anthropologie prend ici la forme d’une épistémologie comparée, empirique et spéculative. À partir d’exemples vitivinicoles et agricoles replacés dans le temps long, elle appuie ses propositions sur un invariant : le potentiel d’enrichissement écologique, existentiel et social des devenirs hétéronomes.<br /> <br /> <b>Léo Mariani</b> anthropologue, maître de conférences au MNHN et habilité à diriger des recherches. Spécialiste de l’Asie du Sud-est, ses travaux portent actuellement sur les cultures fruiticoles malaisiennes et, dans une perspective comparatiste, sur la vitiviniculture française. Son travail se situe dans le champ de l’anthropologie des connaissances, à la croisée d’enjeux (cosmo)politiques, sensibles et environnementaux.<br />