Résumé
(inédit)
S’inspirant d’un séjour en hôpital psychiatrique en 1935, ce récit de la poétesse autrichienne, Christine Lavant, ne fut publié la première fois en Allemagne qu’en 2001 après avoir été retrouvé dans la succession de sa traductrice anglaise.
Si l’on connaît déjà une partie de sa poésie et d’autres de ses principaux textes en prose ("L’Enfant", "La Mal-née"), c’est la première fois que cette prose importante, faisant par endroits songer à Beckett, paraît en français.
Elle y décrit ses relations avec les autres internées – la dénommée La Reine (la vieille bossue), Berta (qu’une danse saisit), Minna (qui « porte en elle un enfant »), Arbrisseau (« la grande maigre »)... –, et avec le personnel hospitalier – Noisette (l’infirmière), Monsieur le médecin-chef qui lui demande ce qu’elle écrit et qui s’étonne auprès de son collègue qu’elle soit le « premier cas qui se soit présentée de sa propore initiative »... Et y fait part de ses observations journalières et de ses réflexions, comme lorsqu’elle s’étonne, dans les pas de Tchekhov cette fois (notamment dans La Salle no 6, livre paru à La Barque en avril 2024), «du fait que ceux qui sont appelés ici à apaiser et à soigner ne prennent pas le temps nécessaire pour comprendre les cheminements particuliers de la pensée des malades», ou quand elle se demande « qui sait pendant combien de temps encore les infirmières lui diront Vous et Mademoiselle », quand sera franchi la limite où elle cessera d’être « une simple invitée », et sera une folle à part entière : « Rien de plus qu’une folle qui chantonnait des choses confuses : ‘‘A e i o u, que serai-je demain ? D’abord j’ai été terre, puis pierre, puis un arbre et une fleur... Mais il se trouve qu’une fenêtre était ouverte, une grande et merveilleuse fenêtre. A e i o u, j’étais touchée de tous côtés et plus qu’une forêt balayée par le vent... mais ils me l’ont fermée, la fenêtre, ils me l’ont fermée avec leurs grandes ailes noires. A e i o u, terre, pierre et arbre et nul ne saisit le mot sous les ailes muettes...’’ »
C’est aussi un livre d’une grande humanité, où se découvre l’amour.