Résumé
L’Office Mondial du Tourisme fanfaronne : les touristes sont deux milliards. Que signifie qu’un Terrien sur quatre soit<br /> à un moment de l’année un touriste ? Une plus grande tolérance envers autrui ? Une ouverture d’esprit marquée par<br /> une curiosité sans limite ? Une disponibilité accrue envers ce qui nous est étranger ? Le tourisme n’est pas neutre. Il<br /> favorise une économie globalisée aux retombées locales minimes et banalise un néo-colonialisme de subordination<br /> généralisée... De même, croire que le hit-parade des « hauts lieux » de l’Humanité mis en place par l’Unesco stimulerait<br /> une « mémoire collective » aux fonctions éducatives se révèle un incroyable leurre. La multiplication des équipements<br /> standardisés (aérogares, hôtels, musées, fronts de mer et de fleuve, « quartiers historiques », etc.) et des<br /> coûteux « événements » (Jeux Olympiques, Expositions universelles, etc.) homogénéisent les sites, leurs temporalités<br /> et leurs spectacles. Le pic pétrolier et le dérèglement climatique appellent à une plus grande responsabilité envers le<br /> pourquoi et le comment des mobilités. Le tourisme est déjà responsable de 8 % des émissions mondiales de gaz à<br /> effet de serre... Faut-il, là aussi, décroître ? Il convient, à coup sûr, de rompre avec le tourisme massifié (et ses sousproduits<br /> que sont les tourismes sexuel, médical, équitable, durable...) et de privilégier le voyage et ses acclimatations<br /> progressives aux cultures que l’on découvre, plus lentes, plus économes, plus attentives. L’être humain est relationnel,<br /> il serait aberrant de lui interdire de voyager ! Mais, compte tenu des nouvelles contraintes environnementales,<br /> il devient indispensable de repenser le proche et le lointain, ces deux aimants de toute boussole existentielle.