Nous sommes à une dizaine de kilomètres de Charleroi (Belgique). Ce qui est glorieux ici, c'est le passé… lorsqu'on en parle. L’histoire est lourde ; la vie n’est pas simple. Sur le chemin, Thomas Fliche a fait quelques pauses devant d’immenses usines, devant les terrils qui entourent la ville et dans des rues peu rassurantes. Il ne connaît pas bien cette province wallone, mais il est inspiré et l’histoire qu'il a en tête se confirme dans ces paysages. La nostalgie du lieu, cette tension d'abord et puis ce gamin rencontré un peu par hasard. Killian Dufrenne a 13 ans lorsque le photographe le rencontre en juillet 2017 lors d'un entraînement de boxe. « Le Kid » est appliqué et montre une certaine maîtrise. Il se donne beaucoup, et son visage prend une autre apparence au fil des rounds. C’est bien, il ne fait pas semblant. Lorsque Thomas enfile des gants et donne quelques directs dans un sac, le garçon le regarde du coin de l'œil et esquisse un petit sourire. Quelques heures plus tard, Killian emmène Thomas faire un tour dans son village. Il est plus calme, fier de présenter là où il habite. Il a véritablement envie de se raconter… Dans la lignée des essais photographiques, Thomas Fliche suit et documente depuis deux ans la vie de Killian, sa famille, son univers. Son immersion régulière a permis au photographe de trouver sa juste place et à ce projet au long cours de gagner en intensité, en vérité. Le livre, au fil des textes et des 150 photographies présentés, légitime une nouvelle approche en rééquilibrant les forces en présence : les ruines d'un territoire, la jeunesse, le sport.