Nous continuons à vivre indiscutablement une époque « critique » où les certitudes anciennes sont incapables d’orienter efficacement les actions présentes. Le regain d’intérêt de ces dernières décennies pour l’anarchisme et ses pratiques ne doit pas nous induire en erreur. Car il pose des questions cruciales sur la viabilité de l’idée que les anarchistes ont pu se faire jusqu’ici de la révolution. Toutefois, contrairement aux autres courants radicaux qui ont jalonné l’histoire des mouvements sociaux depuis le début du vingtième siècle, l’anarchisme possède l’avantage de ne pas se laisser enfermer dans une conception unique du changement social. En effet, à côté de la vision insurrectionnelle, l’auteur nous montre, dans son riche et approfondi essai, qu’elle a été constamment concurrencée par d’autres, qualitativement différentes, qui s’appuient tantôt sur l’action autonome de la classe ouvrière (vision syndicaliste), tantôt sur celle de l’individu (vision éducationniste-réalisatrice). Enfin, Gaetano ­Manfredonia, avec ce travail, nous propose de nous tourner résolument vers l’étude des pratiques militantes et, à l’aide d’une nouvelle typologie, il nous convie à revisiter l’histoire de ce courant.