L’ouvrage Témoignages de la marge: cultures de résistances rassemble des analyses critiques de l’usage qui est fait de la mémoire issue des marges (sociales ou culturelles) par diverses formes de témoignages (directs, indirects, littéraires, artistiques ou sociétaux...). Il entend ouvrir une réflexion sur les diverses modalités de résistance au pouvoir dominant que permettent les expressions de ces témoignages de la marge, et des arts qui les portent. L’on vit actuellement sous un régime culturel où la plupart des groupes sociaux ou communautaires aspirent à une visibilité par la reconnaissance de leur identité et à un droit à la justice, quand celle-ci est encore possible, ou du moins à s’entendre prononcer des repentances lorsqu’ils ont subi des torts. Le témoignage s’avère être un des principaux canaux ou étayages des revendications ou des récits liés à l’histoire vécue. Ainsi, l’expression de voix collectives, passant généralement par des modes d’énonciations individuelles, rappelle les événements traversés par le groupe en question, il en construit et entretient la mémoire. Mais cette situation est-elle pérenne ? N’est-elle pas la représentation d’une scène idéale d’équité démocratique par la reconnaissance mémorielle ? N’y a-t-il pas là une nouvelle forme d’hégémonie produisant, elle aussi, ses marges et ses exclusions ? Ce volume se donne pour tâche d’interroger la validité de cette triple articulation groupe, témoignage et culture à partir de parcours de minorités ou de cultures vivant à la marge des pouvoirs dominants. Les contributions s’attachent à retracer l’évolution de l’identité de ces groupes, passant par la prise de conscience de leur passé et l’élaboration de leur mémoire. À ce titre, on est restés particulièrement attentifs aux modes de l’action artistique ou politique par lesquels ces groupes se sont exprimés et quelle a été leur réception à travers le XXe siècle, principalement sa deuxième moitié et le début du XXIe siècle. Il comporte deux parties regroupant des contributions scientifiques de vingt et un chercheurs spécialistes de la mémoire et du témoignage, issus de champs et de disciplines aussi variées que la littérature, la sociologie, la civilisation et l’histoire des idées. C’est cette multiplicité des regards croisés qui permet à cet ouvrage de creuser un peu plus le sillon des analyses sur le témoignage et la mémoire en levant les clivages méthodologiques et en adoptant le point de vue des études culturelles. La première partie a pour titre : « Expressions et représentations de la mémoire des minorités dans le champ littéraire : écritures de résistances » ; la deuxième : « Rôle de la mémoire dans le champ social : pratiques de résistance »