Rencontre avec Emilio Pacull autour de son livre Luz de invierno paru aux éditions Catalonia, Chili. Dans le cadre du festival Cinélatino et en partenariat avec l'association Chili, culture et solidarité.

À l'aube des années 1950, Albert Camus écrivait : « C'est en Espagne que ma génération a appris que l'on peut être juste et vaincu, que la force peut détruire l'âme, et que parfois le courage ne reçoit pas de récompense ». En octobre 1970, Augusto Olivares, mon beau-père, qui ne savait pas conduire, m'a demandé de l'emmener parce qu'une attaque terroriste contre le général René Schneider avait eu lieu dans une rue de Santiago. Au cours de ce bref voyage inoubliable, Auguste m'a parlé avec gravité, m'a dit que la guerre avait été déclarée et qu'elle serait une guerre jusqu'à la mort. Il m'a également dit que vouloir changer l'ordre des choses est toujours une lutte, que nous devons toujours croire au triomphe de la justice, mais que nous devons aussi nous préparer à l'échec. Le coup d'État s'est produit trois ans plus tard, mais tout ce qu'il m'a transmis au cours ce voyage étrange, qui n'a duré que vingt minutes, s'est avéré absolument exact. Ce livre est un modeste hommage à celles et ceux qui ont été vaincu.es et une tentative de perpétuer leur âme.

Emilio Pacull Latorre